Le monde des arts visuels et de l’art en général est en deuil.
La critique et journaliste Paquerette Villeneuve est décédée dans la nuit du 25 août, à Montréal. Fidèle collaboratrice à Parcours, elle a aussi collaboré de nombreuses années avec la revue Vie des arts ainsi que pour plusieurs grands quotidiens et magazines canadiens et européens. Animée par un esprit vif et d’une énergie que nous pensions inépuisable, elle nourrissait sa grande curiosité pour les arts et la vie avec avidité. Elle adorait la création et les créateurs et si elle avait un fort penchant pour les arts visuels, c’est le théâtre qui l’a toujours fasciné. Fondamental dans sa vie, rien de moins.
Au cours de sa vie, elle a connu et échangé avec les plus grands, pensons à Borduas et à son groupe sans oublier tous les autres qui gravitaient autour d’eux. Paquerette vouait une grande admiration pour Jean Paul Riopelle qui lui rendait bien. Par exemple, pour son exposition en duo avec Jean-Julien Bourgeault à la mairie de Montmagny, en 1991 c’est à elle qu’il demande de faire l’accrochage. Une grande marque de respect si l’on considère l’importance qu’il accordait à cet aspect. D’autant qu’il s’agissait d’un véritable défi dans les circonstances car l’événement ne se tenait pas dans un musée mais dans un immeuble qu’il fallait complètement adapter. Un espace à inventer de toute pièce, ou presque. Elle s’est d’ailleurs acquittée de sa tâche avec brio mais bien sûr, Paquerette n’en était pas à ses premières armes.
Arrivé à Paris en 1955 après un détour de trois mois à New York. Elle habite alors chez Marcelle Ferron, c’est là qu’elle a rencontré Riopelle. De New York elle avait écrit à Albert Camus. Une correspondance significative qui s’est poursuivi. « Il m’a répondu tout de suite. Je ne lui disais pas que j’aimais ses livres, mais que j’aimais écrire. ». Ils se sont aussi rencontrés à quelques occasions. Sa vie à paris commençait…
En 1964, après avoir travaillé dans une galerie de la rue des Beaux-arts, elle devient préposée à l’envoi des invitations, puis attachée de presse à la Galerie Iolas, qui appartenait à Alexandre Iolas. Pour vous situer, il était un ancien danseur de ballet. Il avait une galerie à New York. Il a été le premier à exposer Andy Warhol. Il travaillait avec les plus grands artistes surréalistes comme Magritte, Ernst, Brauner, Matta et plus encore. Pour son projet de Paris, il présente en plus, des jeunes artistes de talent ; Martial Raysse, Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle… « J’ai vécu quatre années de grande effervescence. » Dira-t-elle. Ensuite, Paquerette Villeneuve travaillera au Centre culturel canadien inauguré en 1970. D’abord avec Guy Viau, le premier directeur, qui a marqué par sa vision, la mission du lieu, puis, suite à son décès, avec son successeur. Elle sera également correspondante en zone de guerre. Au plus fort du conflit irlandais elle ira sur place afin d’écrire une série d’articles. Elle fera de même peu après au Moyen Orient. Elle revient au Québec définitivement dans les années 80.
Pour ma part je connu Paquerette Villeneuve en 1986. À l’époque je proposais des ateliers théoriques destinées aux amateurs d’art et aux collectionneurs. Elle avait une commande de la revue Vie des Arts pour rédiger un reportage sur les endroits qui offraient ce genre de service hors des réseaux officiels. Nous sommes demeurés en contact puis quand l’aventure de Parcours a débuté, nous avons commencé une collaboration.
Un texte plus important sur sa vie et son apport est en préparation, à paraître à la fin de septembre prochain.
Merci Paquerette
Robert Bernier