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La création au carré - Parcours l'Informateur / version WEB

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Watching The Name Go By*

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 07 Juin 2012   Posted by Parcours

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Cope 2 Bronx, 2012, 33 » x 23 »,
peinture aérosol et feutre
sur carte du métro de New York / spray paint
and felt tip pen on New York subway map.
Courtoisie : Yves Laroche Galerie d’art
Par Karine Gaucher

L’exposition Art in the Streets au MoCA (Museum of Contemporary Art) de Los Angeles, qui s’est terminée le 8 août 2011, a permis de lever le voile et même de légitimer un mouvement artistique souvent méconnu, sinon franchement boudé par le milieu de l’art institutionnalisé depuis son émergence à New York à la fin des années 1960, en positionnant l’œuvre des artistes les plus influents dans le contexte de l’histoire de l’art contemporain. En effet, pour la première fois, des projets d’artistes de Los Angeles influents tels que Retna, Saber et Revok côtoyaient les œuvres de leurs prédécesseurs Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Keith Haring (1958-1990). Art in the Streets constitue la première exposition muséale d’envergure dans l’histoire du graffiti et de l’art urbain. Regroupant cinquante artistes, les plus influents et les plus dynamiques du mouvement, l’exposition soulignait également l’apport des photographes et documentaristes ayant aidé à documenter ce mouvement tels la photographe Martha Cooper (1943) et l’écrivain et essayiste, deux fois lauréat du prix Pulitzer, Norman Mailer (1923-2007). Avec le graffiti, on touche à la contre-culture certes, mais on touche également à des œuvres hautement personnelles, éphémères, à une affirmation du moi dans tout ce qu’elle a de vulnérable et de forte à la fois, qui remet en question les balises étudiées de l’art, introduisant un nouveau marché, de nouveaux acteurs et de nouveaux questionnements.

Le graffiti se développe à New York à la fin des années 1960, mais on s’accorde dans le milieu pour en situer l’émergence, dans sa forme contemporaine, à Philadelphie au milieu des années 1960, et apparaît avec l’arrivée sur le marché de la bonbonne de peinture en aérosol. À l’époque, la scène new-yorkaise participe d’un mouvement de révolte motivé par la condition précaire dans laquelle vivent les familles des artistes-graffiteurs qui eux-mêmes sont des jeunes, entre 12 et 24 ans, provenant pour la plupart de minorités culturelles, souvent des latinos ou des afro-américains, qui inscrivent leur nom sous forme de tag, une signature, généralement construite d’un pseudonyme suivi d’un numéro tel Taki 183, un des plus célèbres artistes graffitis de la première génération qui établit depuis quelques années des records d’enchères sur le marché de l’art. Les tags et les lettres bulles, Throw Ups, dont les plus reconnues sont celle de Cope2, artiste-graffiteur des années 1970 originaire du Bronx, sont les formes alors les plus répandues. Leur but est de se faire connaître dans leur quartier d’abord, pour prendre ensuite d’assaut les autres parties de la ville et au-delà, par l’entremise des stations et des wagons de métro, pour intégrer d’autres lieux, en passant par les trains et les camions, afin que leur nom voyage, que leur cri ait un écho. À la fin des années 1970, le graffiti a été sévèrement réprimé dans le métro de New York. Il s’est dispersé sur les murs des quartiers défavorisés de la ville avant d’essaimer dans d’autres grandes villes américaines et plus loin en Europe.

Dans le milieu des années 1970, c’est à Los Angeles que la scène graffiti se déplace, confirmée par l’arrivée de plusieurs artistes new-yorkais au début des années 1980. Là-bas, encore une fois, les artistes graffitis développent leur propre style qui prend racine cette fois dans les cholos, une tradition latino-américaine, qui remonte jusqu’en 1930. Il s’agit d’une forme très calligraphique dérivée de l’écriture gothique, listant les membres d’un gang et destinée à marquer un territoire. Puisque la scène de Los Angeles se développe près de dix ans après celle de New York, très tôt, ces artistes urbains ont commencé à expérimenter et ont développé plusieurs styles de graffitis réalisant des pièces de plus en plus élaborées. La scène de Los Angeles a permis aux artistes-graffiteurs d’évoluer et de présenter des œuvres hautement personnelles qui repoussent les limites du graffiti, créant par le fait même un style particulier, propre à la côte Ouest.

Reso SOHO 2, 2012 39″ x 31,5″
acrylique sur toile / acrylic on canvas
Bien qu’il ait pris naissance aux États-Unis, le graffiti a également fait un bond outre-Atlantique dès le début des années 1980. En Europe, le graffiti est ancré dans une tradition historique et artistique importante. On y retrouve outre les tags et les lettres bulles communs partout, des collages et des pochoirs issus de la tradition ouest-européenne. On y retrouve également des œuvres plus engagées, telles les affiches de la série « Les expulsés » (1977) de l’artiste plasticien Ernest Pignon-Ernest (1942), ou plus récemment Blek Le Rat (1952) et sa série d’affiches « Florence Aubenas » (2005), qui cherchent à rejoindre et faire réagir le citoyen des grandes villes dans l’apparition du style européen. Ce qui fait en sorte que le style pouvait paraître quelque peu hermétique pour quiconque ne connaissait pas les références. En Europe, c’est plus ou moins l’art institutionnalisé qui a créé un terreau fertile pour l’émergence du graffiti.

Le mouvement prenant de l’ampleur, le marché de l’art s’intéressera tout d’abord aux artistes graffitis new-yorkais, mais seulement à partir des années 1980. Sur la côte Ouest, Gallery 01 (1980) a tenu les premières expositions de Street Art ou art urbain, tandis que sur la côte Est, c’est Fun Gallery (1981-1985) et Mary Boone Gallery (1977) à New York, sans oublier l’influence de Jeffrey Deitch, alors marchand et consultant, entre autres qui gravitaient autour de la scène et se partageaient plus ou moins le marché. Il est important de noter ici que les pièces présentées par les artistes-graffiteurs lors de ces expositions, et ce qu’ils présentent encore aujourd’hui sur le marché, ne sont pas du graffiti en soi, mais bien des œuvres qui en sont fortement influencées. Cette nuance est essentielle, puisque ce terme est le nom générique donné aux dessins ou inscriptions calligraphiées, peintes ou tracées de diverses manières sur un support qui n’est pas prévu pour cela à la base. Ce qui explique pourquoi le terme Street Art ou art urbain est utilisé de manière générale lorsque l’on parle de l’art graffiti. De plus, les médiums sont parfois différents ou incluent des techniques différentes, donnant un résultat plus élaboré, puisque les œuvres ne sont plus sujettes à un impératif de rapidité d’exécution. À ce propos, Saber (1976) n’a pas tort de dire que présentement que le Street Art a évolué au point de devenir la version moderne de l’abstraction. Parmi les artistes, Jean-Michel Basquiat et Keith Haring seront les premiers à être exposés et à être reconnus par le milieu de l’art durant ces années qui marquent le début de l’intérêt pour cette nouvelle forme d’expression urbaine, même si la reconnaissance du mouvement a avancé laborieusement. Par contre, depuis quelques années maintenant, les artistes-graffiteurs connaissent une fulgurante ascension sur le marché de l’art international, et ce, même en temps de crise économique. Autant les artistes de la première vague tels que Taki 183, JonOne ou Blek Le Rat, que les artistes de la nouvelle génération comme C125, obtiennent année après année de meilleurs résultats.

En consacrant sa première exposition au Street Art, le MoCA a démontré à tous les détracteurs qui doutaient encore de sa valeur esthétique que le graffiti a sa place dans les institutions artistiques. Malgré sa reconnaissance par le marché de l’art, le graffiti demeure un acte illégal et entraîne son lot de scandales partout où il passe. Tel qu’en fait foi le refus du Musée de Brooklyn d’accueillir l’exposition Art in the Streets qui devait débuter sous peu. Quoique l’institution blâme un manque de financement pour expliquer la décision de la direction, il est clair que les scandales et les dérapages qui sont survenus dans le contexte de l’exposition à Los Angeles n’ont pas aidé à convaincre ni le maire de New York ni les New-Yorkais eux-mêmes de la pertinence de revenir en arrière et d’accueillir un mouvement qu’ils avaient tenté de mater dès son éclosion, il y a près de quarante ans. Jamais inscrire son nom n’aura été aussi subversif que dans le graffiti. C’est par leur nom que les graffiteurs sont reconnus, suivis à la trace, l’image à la limite servant uniquement de support à ce nom dans les pièces plus détaillées. C’est aussi par le nom qu’ils revendiquent leur existence et leurs droits. L’affirmation du nom comme une arme donnant une voix à une minorité silencieuse. Comme Blek Le Rat le mentionnait : « Tu existes pour des milliers de gens que tu ne connais pas et que tu ne rencontreras jamais, mais tu existes dans ce monde refermé à l’anonymat urbain ».

Galeries
Known Gallery, Los Angeles, États-Unis
Galerie Magda Danys, Paris, France
Yves Laroche Galerie d’art, QC, Canada

Magazines
Graffiti Art Magazine, Paris, France
Juxtapoz Magazine, États-Unis

Livres
The Faith of Graffiti, Norman Mailer
Birth of graffiti, John Naar
Art in the Streets, MoCA

*Titre pressenti au départ par Norman Mailer pour son ouvrage finalement intitulé The Faith of Graffiti.

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Written by Parcours


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