Pour financer l’achat d’une œuvre majeure. Une bonne idée ?
L’initiative du Musée des beaux-arts du Canada de se départir d’un tableau de Marc Chagall, La tour Eiffel, 1929, acquis par l’institution muséale en 1956 ne fait pas l’unanimité. La raison évoquée est de pouvoir faire l’acquisition d’une œuvre plus importante faisant partie du patrimoine canadien, menacée de quitter le pays si le Musée, qui a une option de premier refus, n’en fait pas l’acquisition radipement. Quelle est cette œuvre? On ne peut le dire pour l’instant explique le directeur du Musée, Monsieur Marc Mayer. En revanche, on sait qu’elle vaut environ 6 millions de dollars. Et des œuvres canadiennes qui se transigent dans cette fourchette de prix, il y en peu. Très peu même. Pensons à certains membres du Groupe des Sept, Jean Paul Riopelle… Les paris sont ouverts !

Marc Chagall, «La tour Eiffel», 1929. Huile sur toile, 100 x 81,8 cm
Est-ce une procédure habituelle de revendre des œuvres pour des musées ? Au Canada, non. En Europe, non plus. Aux États-Unis, oui, le Museum of Modern Art (MoMa), de New York, par exemple, l’a fait il y a pas si longtemps pour financer des travaux d’agrandissement important. On raconte, je ne sais si l’histoire est véridique dans sa totalité, que le Musée a revendue certaines œuvres de Vassili Kandinsky, que le Dr Max Stern de la Galerie Dominion, de Montréal, leur avait vendu dans les années 50 pour financer cette opération. Qu’importe pensons au principe. Est-ce à défaut d’être normal, souhaitable qu’une institution muséale majeure comme celle du Musée des beaux-arts du Canada se départisse de certaines œuvres pour pouvoir faire l’acquisition de d’autres dans le contexte financier dans lequel les musées canadiens sont confrontées ? Par exemple, le Musée des beaux-arts du Canada n’a que 8 millions par année pour faire des acquisitions, ce qui pour une institution de cette importance est très peu vous en conviendrez. Est-ce que le tableau de Chagall, La tour Eiffel, est tableau majeur dans l’œuvre entier du peintre et/ou dans l’histoire de la modernité? Bien sûr, tant la maison Christies, qui effectuera la vente le 15 mai prochain, que le musée ont tout intérêt à parler d’une œuvre d’une grande importance, dire le contraire serait se couper l’herbe sous le pied avec le pied… Mais, voilà qu’en est-il vraiment ?

Le Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa

Marc Mayer
Pour le Chagall, il ne s’agit pas d’une œuvre majeure. Est-ce que cela motive pour autant cette opération sachant que le Musée ne possède qu’un seul autre tableau du peintre et quelques œuvres sur papier? Difficile de répondre sans connaître l’identité de l’œuvre convoitée par le musée, qui serait menacée de quitter le pays sans l’intervention du musée. Chose certaine, cela peut être dans le contexte, une monnaie d’échange valable. Une collection n’est pas et ne devrait jamais être considérée dans un bloc inaliénable, surtout s’il s’agit d’une opportunité à saisir…
Le Musée des beaux-arts du Canada ne va pas que se départir du Chagall. Sept autres œuvres seront vendues ou cédées, dont deux sculptures assyriennes datant des années 800 avant Jésus-Christ, des articles de broderie et autres.