

Voici le mot clé : réseau. La diffusion s’est tissée en arts visuels par réseaux. Renée Béland a emprunté, comme beaucoup d’autres personnes qui ont fait leurs études en art dans les universités québécoises, celui des centres d’artistes et des centres d’exposition. Un réseau bien établi avec des salles et des équipements de qualité, mais qui souvent a peu de moyens et pas de lien avec les autres réseaux existants. Ainsi, la diffusion se fait en parallèle les uns à côté des autres. Un artiste peut faire une carrière entière dans un réseau et être inconnu des autres, chaque réseau ayant ses particularités et ses exigences. Mais une question se pose : les artistes sortent-ils gagnants de ce cloisonnement ? Leurs œuvres ne pourraient-elles pas voyager de l’un vers l’autre ?
Chose certaine, la production de Renée Béland est surprenante de créativité et de qualité. Une approche qui étonne, surprend, interroge et séduit et que tous les amateurs d’art gagneraient à connaître.

L’utilisation éclairée que fait l’artiste des matériaux hétéroclites conduit son expression sur les terres à la fois du Pop Art et de l’art populaire, ce qui n’est pas sans ajouter au plaisir que l’on éprouve au contact de ses œuvres. Un plaisir qui se poursuit par sa thématique elle-même, les animaux de compagnie et l’humanisation dont ils sont de plus en plus l’objet dans nos sociétés civilisées. « Inspirée par l’univers du chien, ma recherche consiste à explorer les constantes de la relation établie entre les races humaine et canine. Parfois perçue sur un même piédestal, chacune se confronte ou se complémente par des situations émotives ou par des éléments consommés, jouant alors un rôle essentiel à la compréhension de la nécessité qu’exerce l’animal à la survie de l’individu, dans la société actuelle. Quel élément peut donner plus d’importance à un chien qu’à une personne ? Cette question est essentielle à la compréhension de mes œuvres, étant donné qu’elle démarre chaque élaboration. Rapport affectif, attirance sociale, objet de rareté, zoothérapie, outil de travail, de par ces éléments, mes images tentent de définir les raisons poussant ainsi un individu à se vouer un culte autour d’un membre de la race canine. »


Fondamentale la couleur dans l’œuvre de Renée Béland. Essentielle parce que l’artiste inscrit par son intermédiaire ses émotions, ses humeurs… Et c’est par celle-ci que vous, comme spectateurs, ferez les premiers pas vers son œuvre ou la jonction. C’est ce qui attache l’ensemble de sa pensée et de sa passion pour l’art, le liant d’un ensemble. Son utilisation de pigments scintillants et prismatiques est fantastique et renforce l’idée du tag sans pour autant en être.
Une façon de voir la direction artistique de Renée Béland serait de la voir comme une DJ des arts visuels ce qui semble très bien définir son approche, son processus et surtout, ce qu’elle est, elle, comme femme et comme artiste. Car l’essence de son approche repose sur le fait qu’elle mixte ensemble dans chacune de ses toiles et de ses installations plusieurs sources d’influences venant d’esprits et de temps très différents pour ultimement en faire ressortir quelque chose de fondamentalement personnel.
Par Robert Bernier