Affaire Picasso-Le Guennec: «il n’a pas été démontré que les biens détenus provenaient d’un vol..» ont statué les juges de la cour de cassation le 1er mars 2018
Qui dit marché de l’art, dit argent. Une réalité bien présente dans nos sociétés contemporaines et encore davantage depuis la fin de la Deuxième Grande Guerre. Et qui dit Picasso, dit beaucoup, beaucoup d’argent. Sans oublier les ayants droits… Et parfois il y a des histoires rocambolesques et elles le sont d’autant qu’elles concernent énormément d’argent et, des ayants droits et ici, des gens tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Ici celle de l’électricien Pierre Le Guennec et de son épouse, Danielle.
Après une longue saga judiciaire, qui débute en 2010 quand l’électricien à la retraite contact Claude Picasso, le fils du Grand Maître pour faire authentifier plus de 270 œuvres inconnues et non signées. Les œuvres ont été réalisées entre 1900 et 1932. Elles comprennent neuf collages cubistes très rares, plus de 200 dessins incluant un carnet de 100 pages avec 91 dessins, une trentaine de lithographies, des gouaches sur papier. Cependant aucun tableau à l’huile. On estime le tout à, environ 100 millions de dollars canadiens! Fin 2010, les autorités saisissent les œuvres et le couple Le Guennec est poursuivi en justice. La succession Picasso doutant de l’authenticité de l’histoire.
En 2016, l’électricien et son épouse sont condamnés à deux ans de prison avec sursis par la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour le recel de 271 œuvres. Cette décision est cassée le 1er mars dernier parce que «le juge ne peut prononcer une peine sans avoir relevé tous les éléments constitutifs de l’infraction».
La Cour de cassation, (la plus haute juridiction française) a donc annulé la condamnation à deux ans de prison avec sursis de l’ex-électricien du peintre espagnol Pablo Picasso et de son épouse pour le recel de 271 œuvres.
La cour d’appel d’Aix-en-Provence, qui avait condamné le couple en décembre 2016, n’a pas démontré que les biens détenus par les prévenus provenaient d’un vol, a statué la cour, qui a ordonné le renvoi de l’affaire devant la cour d’appel de Lyon. Un futur procès à venir donc.
Le changement de version de l’électricien n’a pas, dans un premier temps, joué en sa faveur
Après avoir soutenu, au cours du procès en première instance, que les 271 œuvres étaient un cadeau offert en 1971 ou 1972 par l’artiste pour qui l’électricien avait travaillé entre 1970 et 1973, en remerciement de son dévouement, Michel Le Guennec avait finalement changé de version. À la barre, il a affirmé qu’il s’agissait plutôt d’un don de sa veuve Jacqueline fait après la mort du maître.
Quelques mois après le décès de Picasso, «elle m’a demandé de bien vouloir mettre chez moi en réserve des sacs-poubelles». Selon lui, il y en avait entre 15 et 17. Plus tard, elle lui aurait demandé de les lui rendre, sauf un pour lequel elle aurait dit «Gardez-le, c’est pour vous», avait raconté M. Le Guennec à la barre. Une stratégie pour «peut-être» faire échapper ces sacs à l’inventaire de succession? Il avait affirmé ne pas avoir dit la vérité plus tôt par peur qu’on l’accuse «d’avoir volé ces sacs».