À la Propriété Caillebottes, à Yerres, en France, jusqu’au 29 juillet
On a l’impression toujours un peu cette curieuse impression quand on nous relate l’histoire que les choses allaient dans un seul sens. Que les événements se sont déroulés comme si tout allait de soi. Pourtant, le passé est comme le présent, on y pénètre toujours à tâtons, sans trop savoir dans la forêt dense des possibles.
Je vous propose un jeu. Fermez les yeux, et imaginez que vous êtes en 1885, en France. Que voyez-vous ? La première exposition des Impressionnistes est déjà un passé lointain, elle eut lieu le 15 avril 1874. Nous en sommes déjà à ce que nous nommons aujourd’hui le Postimpressionnisme. Van Gogh mourra dans 4 ans. Cézanne, déçu de passer totalement inaperçu à Paris est retourné vivre en Provence en 1882. En 1885, il peint toute une série de tableaux sur l’Estaque. La même année, un nouveau mouvement inspiré de la nature attire l’attention, l’Art nouveau. Le 1er juin 1885, c’est l’enterrement de Victor Hugo. Puis, un mouvement commence à s’animer en s’inspirant du rêve et du fantastique. Ils donnent vie à un monde de légendes. C’est le retour aux mythes du passé à travers des paysages et des figures mystiques. Bienvenu dans le Symbolisme.
Cet été, si vous séjournez en France, vous avez une occasion unique, jusqu’au 29 juillet, de vous familiariser avec ce mouvement parmi les plus singuliers de son époque, dans un cadre des plus enchanteur, celui de la Propriété Caillebottes, situé au nord de Paris, entre Créteil et Melun, à Yerres. La porte des rêves, (titre emprunté à un recueil de contes de Marcel Schwob paru en 1899), est une exposition de l’art Symboliste, regroupant plus de 160 œuvres, peintures, sculptures, dessins et lithographies, toutes issue d’une collection privée dont le propriétaire demeure anonyme, en fascinera plus d’un par sa beauté mystérieuse et envoûtante. Les artistes présentés sont pour la plupart inconnus du grand public, mais dans le contexte d’aujourd’hui où la matérialité prend beaucoup (trop) d’espace, si vous avez besoin d’un vent de spiritualité soufflé par la force de la nature et de ses mystères, voici certainement une exposition à ne pas manquer.
Robert Bernier