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La création au carré - Parcours l'Informateur / version WEB

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Jacques Hurtubise / La fête Hurtubise

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 17 Août 2011   Posted by Parcours

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Orange Tattou II, 1983, acrylique sur toile, collection Musée régional de Rimouski, don de Hélène et Jean-Marie Roy
Couleurs vives en aplat. Effets scintillants. Passages à chaque tirage… Entre la soie et l’encre, ce (beau) titre évoque bien la sérigraphie. Il coiffait au printemps une première présentation consacrée aux œuvres gravées de Jacques Hurtubise à la Maison de la culture Frontenac.

Cette l’exposition entame une véritable « fête Hurtubise ». Cet été, Halifax sera le point de départ d’une grande rétrospective à travers le Canada. Et Rimouski ne restera pas en rade avec une exposition inédite.

Des œuvres à la carte
« J’ai découvert la gravure durant les années 1950 à l’École des beaux-arts où enseignait Albert Dumouchel, se souvient Jacques Hurtubise. J’ai débuté par une pointe sèche. Je trouvais cela trop long. Et là, j’ai commencé la sérigraphie. Albert l’a regretté car je salissais tout. » C’est en sérigraphie qu’Hurtubise crée à New York en 1961 les premières estampes de l’exposition fortement inspirée par de Kooning et l’expressionnisme abstrait américain.

« En 1997, je suis passé de l’écran de soie à l’écran d’ordinateur et à PhotoShop ». Avec USA Today (2004), Hurtubise s’inspire de ses nombreux voyages « sur la route ». Un peu comme le héros artiste du roman de Michel Houellebecq qui a reçu le Prix Goncourt 2010, La Carte et le territoire, mais bien avant, Hurtubise prend la carte comme sujet d’inspiration.

Décliné en saccades de couleurs cathodiques, le splash se confond avec les variables de la carte. Il épouse le tracé des cours d’eau, des réseaux graphiques des voies de communication et se superpose aux noms de lieux. Ici plusieurs configurations agissent en simultané. L’itinéraire de Jacques Hurtubise, né en 1939, est toujours à la croisée des chemins. « Je ne sais jamais à l’avance ce que je vais faire. Je ne vois les choses qu’une fois terminées. Je travaille, c’est tout. »

Blanc Squee gee, 2008
Auteur du catalogue et commissaire d’Entre la soie et l’encre, Nathalie Miglioli nous guide. « On tombe en entrant sur quelque chose de très fort, dit-elle. Ce sont ces fameuses estampes du milieu des années 1970. » Là, la peinture semble jetée à gros traits mais aussi en dégradés d’une incroyable finesse. Les couleurs à la fois somptueuses ou criardes oscillent entre rose et rouge flamboyant, orangé criard, vert mousse, jaune vibrant et bleu électrique. Dans ces œuvres mi-cintrées, mi-peinture gestuelle, la puissance des déversements est rompue par des diagonales sombres. On a l’impression d’une fluidité quasi liquide, mais aussi d’une fixité lancinante. Bien qu’il se trouve devant des œuvres abstraites, ces tensions ramènent le visiteur comme malgré lui à l’évocation de paysages aussi mystérieux que sauvages. L’exposition comporte un mur entier de ses tirages étourdissants de 1975 aux noms tels Eldorado ou Dolichito.

Au milieu de la salle, des cimaises font place à des œuvres apaisées proches du dessin, entrecoupées de roses sensuels. « Le parcours de Jacques Hurtubise fait souvent place à des périodes de noir et blanc avant que la couleur ne rejaillisse. Il réfléchit alors sur la ligne. Le trait, on le voit ici, est plutôt une cache, un masquage. » Avec les œuvres de la fin des années 1960, plus proches de l’art optique, et la série des Black Out de 1971, la boucle est bouclée. « Chez Hurtubise, poursuit Nathalie Miglioli, l’utilisation du pliage, de la grille, l’acharnement sur la tache de couleurs ou sur le noir, l’impact chromatique, la symétrie brisée et le dédoublé sont des procédés qui se retrouvent tout aussi bien en peinture que dans l’estampe. » Durant les années 1980-1990, tant dans ses sérigraphies que dans ses peintures, la tache est prélevée puis multipliée. Dédoublant la tache, Hurtubise prend ses distances face à l’impact du geste pour se prêter à une expérience insolite de la répétition. Là encore, il déconstruit les codes.

« Cette œuvre très riche, selon Nathalie Miglioli, n’a pas fini de nous interroger. Hurtubise pense en images. » D’une période à l’autre, Hurtubise vient troubler les représentations reçues. Feuille à feuille, l’exposition nous transmet le souffle créateur puissant qui anime ces 50 ans d’impression.

La peinture en rafale
Bien qu’il ait gardé son atelier près de Montréal, Jacques Hurtubise s’est installé en 1983 à l’Île du Cap-Breton, sur le bord de l’Atlantique. « En Nouvelle-Écosse, se réjouit Sarah Filmore, nous l’avons adopté. » À Halifax, Sarah Fillmore est conservatrice en chef de l’Art Gallery of Nova Scotia où elle a mis sur pied cette première grande rétrospective au Canada anglais depuis 1981. « Cette exposition veut célébrer la place unique de Jacques Hurtubise dans l’art du Québec et du Canada. Nous allons montrer à la fois les développements parfois surprenants de son œuvre sur plus de 50 ans tout en se concentrant sur les constantes qui l’enracinent et l’unifient. Hurtubise a beaucoup à dire et il le fait avec un tel brio. » Après Halifax cet été, l’exposition voyagera à travers le Canada. Comme l’exposition à Frontenac, cette rétrospective pancanadienne bénéficie de l’aide de la galerie Simon Blais qui représente Hurtubise à Montréal.

Fasciné par cette peinture en rafales qui est celle d’Hurtubise, Bernard Lamarche prépare pour la mi-septembre « son » exposition sur le sujet au Musée régional de Rimouski dont il est le conservateur d’art contemporain. En un même combat, Lamarche a aussi signé un essai dans le catalogue qui accompagne l’exposition d’Halifax. Comme à Frontenac et à Halifax, l’exposition de Rimouski nous invite à reconsidérer cette trajectoire singulière.

Jacques Hurtubise, Art Gallery of Nova Scotia (Du 14 mai au 5 septembre 2011)
Jacques Hurtubise. Batailles, Musée régional de Rimouski (Du 22 septembre au 13 novembre 2011)

Par René Viau

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