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Jardins utérins

Robert Bernier

Jou Lee, technique mixte, Spring Advances, 48 x 64 pouces

Née en Corée en 1965, l’artiste peintre Jou Lee occupe les cimaises des galeries canadiennes depuis plusieurs années déjà. Sa peinture est résolument non figurative et pourtant elle est singulièrement évocatrice du monde. Celui du dedans, de la conscience, de son espace.

« Quand je peins, j’éprouve un sentiment étrange et pas facile à décrire. C’est comme si j’étais submergée en eau profonde, plutôt dans le liquide amniotique à l’intérieur de l’utérus de ma mère. » Sensible et inventive, son processus de travail débute le plus souvent avec une idée assez précise de ce qu’elle veut : « Tout se déroule rondement au début, mais à un moment donné, au milieu de la création, je constate que je ne peux aller plus loin si je ne demeure guidée que par mon être conscient. Mon subconscient prend alors le relai et je commence à tendre mon cœur pour bien saisir comment l’œuvre veut se former et mon œuvre se complète toute seule comme si elle était guidée par sa propre énergie…» Ainsi se trace sur la toile l’empreinte de ses sentiments, de sa vie qu’elle chorégraphie comme une danse. On y voit tantôt un corps, tantôt la nature. En somme, sa peinture en est une d’état d’être, de sentiment. « Mon bonheur, ma tristesse, les endroits où je me suis rendue, la forme et les couleurs qui m’ont impressionnée… mon œuvre se construit à mon insu. Elle reflète ma pensée, mon expérience, elle se révèle à moi-même comme mon miroir intérieur. »

Jou Lee, technique mixte, Inner Garden, 40 x 60 pouces

Ainsi, sa peinture s’exprime par de nombreuses textures, des collages qui viennent soutenir et construire l’espace pictural par des compositions sobres animées par des jeux de formes inscrits avec délicatesse sur la toile. Et si la couleur est souvent discrète, elle vient néanmoins rehausser l’intimité de son approche.