Récits
Du 7 au 19 juinGalerie Clarence-Gagnon
1108, rue Laurier Ouest
Outremont, Montréal, QC
514 270-2962
Ce n’est pas mon premier texte sur le travail d’André Pitre. Les habitués de Parcours savent qu’au fil des années j’en ai rédigé plusieurs. Toujours en découvrant de nouveaux aspects dans son approche. Normal, son œuvre est en constante transformation. Rien ici n’est figé même si parfois Pitre nous donne l’impression de faire son chemin créatif d’un pas lent. À rebours, il est étonnant de constater comment, depuis les quelque sept dernières années, son langage s’exprime à travers des modulations, des formes et de la matière insoupçonnées jusqu’alors. Sa signature, ce qui le distingue : son ADN pictural demeure intact.
Au fil des ans, l’esprit singulier qui caractérise son travail demeure, et cela va bien au-delà du visible et du reconnaissable. Il (l’esprit de son œuvre) s’inscrit dans le pigment et l’outil, il en est le souffle. Son regard sur la toile a toujours en lui cette dimension solennelle qui nous plonge dans la mer d’introspection de sa vie et de sa vision contemplative. Vision de ses horizons d’existence, intemporelle, empreinte de spiritualité dans le sens d’état. Celui qui nous fait effleurer l’immensité de la vie que l’on devine infinie. Dans Récits, nous ressentons cet indicible à travers son prisme.
Récits et récifs
André Pitre a vécu son enfance en Gaspésie, tout à côté de Percé, dans des paysages de vents et de mer. Un lieu dont les citadins ne peuvent arriver à imaginer le quotidien. Là-bas, depuis des générations, la mer donne et reprend la vie. Monstre et déesse. Ce coin de pays à la météo parfois extrême. Ce lieu qui dans les années 1960 constituait un univers clos aura marqué profondément son regard sur la vie, sur l’identité et la destinée. Ce monde, aujourd’hui habité par le souvenir de ses proches et de ses ancêtres, par les récifs et les défis du quotidien, s’exprime dans sa peinture, par la rigueur d’un métier de peintre et par un passé d’architecte qui lui permet d’encadrer le propos dans une belle aventure picturale. Car ne l’oublions pas, avant tout, nous sommes bien en contact avec de la peinture… Par laquelle se tisse un propos à la fois intime et universel qui fait suite, avec Récits, à sa série précédente, Habiter la mer, réalisée en 2013 et présentée la même année au Musée Le Chafaud, à Percé, ainsi qu’à la Galerie Clarence Gagnon, à Outremont.
Absence identitaire
Il y a aussi de la nostalgie dans sa manière d’aborder les tableaux de la série Récits. Ce qui n’est pas étranger à cette sonorité poétique omniprésente dans chacune des toiles qui nous amène à ce climat émotionnel si singulier. Comme si chaque œuvre devenait, telle une station d’un chemin de croix païen, un épisode dramatique évoquant la fragilité de la vie et les écueils d’un temps évaporé à jamais. Comme si elles étaient l’évocation d’autant de récifs coupés en deux, laissant voir par codification les strates du passé. Nous devenons alors, pour un instant, les archéologues à la recherche des émotions et des pensées sacrifiées, celles que l’on croyait effacées à jamais (…)
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André Pitre également en permanence :
Galerie Michel Bigué, Saint-Sauveur
Galerie La Corniche, Chicoutimi
Galerie d’Art Vincent, Ottawa
Roberts Gallery, Toronto