EN VEDETTE A PARIS
Paquerette Villeneuve
En cet été 2014, deux musées parisiens ont mis à leur programme d’importantes expositions consacrées au controversé photographe américain. Présentée au Grand Palais du 26 mars au 13 juillet, ROBERT MAPPLETHORPE permettait d’offrir au grand public une vue d’ensemble de son travail, malheureusement de façon assez superficielle. Quant à MAPPLETORPPE-RODIN en cours au Musée Rodin jusqu’au 21 septembre, elle va révéler chez ses organisateurs le désir de mettre en relief au-delà du scandale auquel le nom du photographe est généralement accolé, l’acuité esthétique de sa recherche. Aussi originale qu’e cofficace, elle repose sur la mise en valeur absolue du corps aussi bien chez le sculpteur qu’un siècle pus tard chez son audacieux disciple. Face aux paitiné noir fait d’un corps nu recroquevillréactions d’intolérance puritaine – Balzac nu de Rodin refusé par la Société des Gens de Lettres, sexes mâles de Mapplethorpe censurés à Washington, – elle glorifie chez les deux artistes le désir incessant d’exprimer jusqu’au bout leur conception de l’art.
« Un dialogue singulier et fructueux naît de la mise en regard des deux artistes », est-il écrit dans le catalogue.
Chez Mapplethorpe apparaît l’utilisation du noir et du blanc » pour bien sculpteur le sujet, c’est-à-dire le corps ». En jouant sur leurs contrastes, il souligne les effets révélateurs de la lumière et de façon magistrale, la met au service de la sculpture. Quant aux nuances entre les deux extrêmes, elles y sont qualifiées « d’ombres silencieuses ».
Il photographie grappes de raisin, calices de fleurs ou torse nu d’homme noir avec la même intensité, où son intention d’artiste demeure prépondérante. Ainsi d’un drapé s’arrêtant aux abords du sexe mâle pris dans sa statuaire, que n’aurait pas désavoué Michel-Ange. Tout comme dans ses nombreux nus masculins au pénis saillant, où les poses épurées des modèles noirs soulignent l’architecture des corps et des couleurs.
C’est la démarche artistique qui domine, avant même l’attrait pourtant puissant de la sexualité. Quant à ses photos sadomasochistes, elles témoignent de l’absolu du jouir qui lui était cher.
Quant à Rodin, il est plus voluptueux, dégageant la force et la virilité de la nudité comme dans Les Bourgeois de Calais, ou les situations érotiques des femmes accroupies à la Degas, traitées avec la sensualité des marques de doigt sur la pâte malléable.
D’une manière générale, la dominante est chez lui l’imprégnation de la chair, adorée de façon presque païenne. A quoi s’ajoute un élément psychologique, avec ses visages ou ses poses exprimant des sentiments douloureux. Ainsi de La Misère, un plâtre patiné noir fait d’un corps nu recroquevillé sur lui-même et se protégeant avec les mains.
Malgré la différence des moyens qu’ils utilisent, il reste en commun entre le photographe et le sculpteur,le génie avec lequel chacun réussit sa quête autour du corps humain.