Me rendant à Baie-Saint-Paul à la fin juin, j’ai eu l’idée de m’arrêter à Sainte-Anne-de-Beaupré pour visiter une toute nouvelle galerie, Ni vu ni cornu. C’est là, parmi plusieurs œuvres de plusieurs d’artistes que j’ai remarqué un tableau singulier et insolite. Tout en longueur, étroit, l’ambiance a quelque chose de mystique, non, chamanique plutôt. Un personnage central avec quatre yeux accueille mon regard. Une forêt synthétisée avec talent tient lieu d’espace dans lequel tout s’anime. Le tableau peint avec une technique ancienne de glacis laisse apparaître une maîtrise placée, efficace et juste qui sert très bien l’ambiance de l’œuvre, étrange et intrigante. En m’attardant un peu à l’œuvre, un souvenir me vient à l’esprit, celui d’une visite dans un domaine au cœur de la ville de Mexico, situé sur une des rares collines de la ville (la ville est située sur un plateau ceinturé de montagnes). Cet ensemble résidentiel comprend entre autres des maisons en verre et son aménagement paysager, composé et assemblé avec des ruines très anciennes que le propriétaire a fait amené sur le site, est ponctué d’un rond-point avec une odalisque de dix mètres de couleur cyan très intense, avec à sa base trois sculptures de femmes-chats… Ce souvenir n’a pas jailli sans raison, le surréalisme dans lequel semble baigner l’œuvre n’est autre que l’esprit, si singulier et formidable, qui habite chaque parcelle de terre et d’air du Mexique.