En observant les œuvres abstraites de Michel Beaucage, on pourrait s’amuser au jeu de l’interprétation comme avec un test de Rorschach, test qui aurait perdu sa symétrie mais pas son mystère. Éclaboussures, gouttes, auréoles, bavures, meurtrissures forment autant de traces et territoires sur d’immenses toiles ou papiers de riz.
Lignes et traits de force semblent parler de la pulsion vitale issue de la psyché de Beaucage, mais une pulsion organisée dans son expression, un dévoilement premier immédiatement « tutoré » d’un bâti structurel.
Lignes et traits de force solidifient le chaos du premier jet et apprivoisent le dripping.
Lignes et traits de force pour permettre au flou, au brumeux, à l’incertain de se glisser jusqu’à son spectateur. Michel Beaucage aime citer la philosophie orientale prônant la suggestion et la réserve, justifiant ainsi son choix de l’abstraction comme une possibilité de lecture créative par celui (ou celle) qui regarde ses œuvres. Justifiant aussi les mélanges des genres, matières, textures, surfaces… vers une volontaire et majestueuse interrogation.
Les estompages font disparaître les formes par superposition. Les kinesthésies – ces mouvements sous-tendus par une forme humaine –, évoquent des silhouettes de femmes. « C’est ma femme, ma source d’inspiration », dit l’artiste avec un sourire pudique.