Lumière sur l’humain
La photographie témoigne de la réalité ou du moins, d’une réalité, celle perçue par l’œil du photographe couvrant la scène. Ce point de vue, cette sensibilité face au sujet est le gage des photographes de talent dont la signature visuelle est reconnaissable entre toutes. Malgré le foisonnement d’images envahissant quotidiennement notre champ de vision, ces qualités sont l’apanage d’un groupe restreint d’artisans.
Histoires en images
Parmi ceux-ci, la photographe Marie-Josée Roy produit depuis une dizaine d’années une quantité impressionnante de reportages photographiques sur des sujets diversifiés : des militants envahissant les rues lors de manifestations, des artistes en atelier, des sœurs en congrégation, bref, des tranches de vie représentatives de la société que nous sommes. Au cœur de sa passion pour la photographie se trouve l’humain, vulnérable ou défiant, mais révélant toujours une part de sa réalité.
Marie-Josée Roy est une passionnée. Impossible de faire autrement quand il s’agit de vivre de photographie. La compétition et la surabondance d’images en font un métier qui n’exige rien de moins que de la dévotion. À ce chapitre, elle a fait ses preuves et son nom émerge de la horde de photographes de la métropole. Dans un café rue Laurier, son œil pétille lorsqu’elle évoque son insatiable curiosité et en résultat, la source inépuisable de sujets encore susceptibles d’être photographiés. « Je ne sais jamais quel sera mon prochain projet. Je travaille vite et j’aime que les choses avancent. Je ne suis pas du genre à planifier quelque chose pendant des mois. »
Comme en témoigne l’abondance de reportages sur son site Internet, c’est à force de persévérance et d’audace qu’elle arrive à ses fins. D’abord aux études en dessin de mode, cette native du Bas-Saint-Laurent a bifurqué vers les arts plastiques puis la sculpture avant de faire de l’appareil photo son instrument de prédilection. « Sur l’invitation d’un ami photographe-graphiste, nous avons démarré une entreprise multimédia pour laquelle j’ai travaillé pendant dix ans. J’y ai appris les rudiments de la photo et de la vidéo. C’est à ce moment que j’ai commencé à considérer la photo comme métier. C’est vraiment ce qui me passionne. »
La discrète
Après une multitude d’expériences sur le terrain et un intérêt marqué pour le reportage, elle se tourne vers le portrait intimiste, n’hésitant pas à placer des annonces pour trouver des participants à ses sessions : immigrants fraîchement arrivés, personnes âgées en centre d’accueil, portraits spontanés dans un centre communautaire. Son approche est simple, elle laisse son sujet s’exprimer librement en espérant capter ce qu’il voudra bien lui donner. Pour elle, le plus grand accomplissement consiste à gagner la confiance des gens et à intégrer leur intimité. « Lorsque j’ai leur autorisation, je me fais très discrète, je tente de m’effacer. »
Cette discrétion lui a permis d’approcher nombre d’artistes pour les immortaliser à l’œuvre, documentant des moments de création qui permettent de compléter la seule contemplation de leur travail. « Je veux monter un corpus de photos d’artistes, particulièrement ceux qui commencent à percer. C’est un privilège d’assister au processus. » Une délicate mission qui semble porter fruit puisque plusieurs créateurs ont accepté sa présence dans leur lieu de création.