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Il y a les intuitifs et les cérébraux. Les artistes n’échappent pas à cet état qui les départage dans leur manière d’aborder leurs œuvres. Pourtant, plusieurs créateurs sont un mélange des deux. La zone grise est vaste. Il en va de même de certains mouvements comme l’automatisme, qui est, vous l’avez deviné, du côté des intuitifs, et il y a les plasticiens, du côté des cérébraux. Cela peut avoir son importance pour lire une œuvre, pour la comprendre ou pour notre approche face à telle œuvre – dans la mesure où l’on cherche à comprendre, même si juste un peu, ce qui est devant nous. Marie-Ève Cournoyer loge sans l’ombre d’un doute du côté des intuitifs.

Ce qu’elle aime, c’est découvrir et jouer avec la matière. Oser des mélanges différents et inusités, rassembler des techniques et laisser émerger de cette expérience des horizons nouveaux. Elle agit de la même façon avec la couleur. Pas question d’utiliser les mêmes harmonies, c’est comme avec les images. Son univers, bien qu’il se transforme au fil et au gré de ses expériences, demeure le même, privilégiant le moment présent où elle puise une inspiration soudaine ou circonstancielle. « Pour les Amoureux du printemps, j’avais l’idée d’une ribambelle. Ce n’était qu’un point de départ. Ensuite, c’est souvent la toile qui me dirige comme si l’œuvre jaillissait d’elle-même de la toile. » Son univers pictural s’inspire beaucoup de son environnement immédiat. Ses enfants, son conjoint et son travail d’animateur de rue ou encore celui qu’il occupe au Cirque du Soleil. Le climat insolite que l’on remarque dans son œuvre, toujours à la frontière entre le féérique, l’enfantin et le fantastique, lui vient de tout cela. De la liberté. Équilibriste et jongleuse des formes, des couleurs et des idées. Elle conçoit un monde qu’elle revendique et qu’elle dit vouloir refaire chaque fois. Elle ne veut pour rien au monde s’asseoir sur une manière de faire ou même de voir.