La salle des joyaux
Le marché de l’art est l’un des marchés les plus lucratifs et parmi les plus sûrs. Bien entendu, on ne va pas jouer là sans faire ses devoirs auparavant, surtout quand il s’agit d’une vente aussi importante.
Il n’est pas question ici des braderies comme on en voit tant au Québec depuis une décennie. D’ailleurs, les chercheurs d’aubaines ont tout intérêt à demeurer dans ces ventes mineures où sont offert des dizaines de lots sans réel intérêt sauf pour un ou deux où les prix demandés sont aussi bas que l’intérêt réel des œuvres offertes. Cependant, quand il s’agit d’une vente aussi importante que celle qui aura lieu le 31 mai prochain, à Toronto, sous l’égide de la Maison des enchères, ByDealers, il s’agit d’un indice véritable sur les tendances de ce marché et les œuvres offertes sont presque toutes, de qualité exceptionnelle. Incontestablement un baromètre.
ByDealers est une nouvelle maison dans le paysage des enchères canadiennes d’oeuvres d’art. Ils en seront seulement à leur deuxième vente, la première ayant eut lieu à Montréal l’automne dernier. Déjà, la qualité était au rendez-vous. Seule ombre au tableau, le manque d’œuvres « pan canadienne » ce qui a été corrigée, du moins en partie avec la seconde mouture du 31 mai prochain, à Toronto. J’écris en partie, car le Groupe des Sept est à peu près absent sauf pour un tableau d’Alexander Young Jackson. Une œuvre de petit format, 8 x 10 pouces, d’une grande qualité cependant, réalisée en 1921 et s’intitulant, Riverside in Autumn, Algoma. Le prix estimé est de 30 000$ à 40 000$. Il fera vraisemblablement davantage. Toutefois, les peintres majeurs de la modernité canadienne sont présents, en grand nombre pensons à David Milne, Michael Snown, Ronald Langley Bloore, William Perehudof, Ronald Albert Martin et William Ronald pour ne nommer que ceux-là. Ainsi, ByDealers semble vouloir faire sa propre place en mettant de l’avant la modernité plutôt que le groupe des Sept dont les œuvres sont toujours nombreuses chez Heffel et Sotheby’s. Autre particularité de ByDealers, la place appréciable laissée à l’art contemporain canadien, ce qui est audacieux, car les prix forts sont toujours plus difficiles à atteindre dans cette catégorie. Bravo pour l’initiative. Parmi les artistes contemporains présent à cette vente, Marc Séguin, Carlos Quintana, Louis Boudreault, John Brown, Roberto Pellegrinuzzi, Edward Burtynsky et Lynne Cohen. Soulignons dans cette catégorie l’œuvre magnifique d’Henriette Valium, Rachel-Berri, une technique mixte sur bois de 48 ¾ × 42 ½ pouces. Prix estimé 8 à 12 000 $.
Les œuvres à surveiller? En premier lieu le tableau de la période Noir et blanc de Paul Émile Borduas, celle publiée sur la couverture du catalogue de la vente, Sans titre, c.1956, 28 ¾ × 23 ½ pouces, avec un estimation de 800 000 à 1 200 000$. Prédiction, il battra un record. Le Jean Paul Lemieux, Printemps à Québec-Ouest, une huile de 1968 mesurant, 22 × 53 ½ pouces, estimée entre 550 000 – 750 000$. Prédiction, elle n’atteindra pas le million. Serge Lemoyne, Le No 10, Lafleur, acrylique sur toile au format de 30 x 48 pouces estimé entre 90 000 – 120 000$ pourrait bien confirmer la place importante que cet artiste, disparu trop tôt, sera appelé à occuper sur le marché de l’art contemporain canadien dans les prochaines décennies. N’oublions pas les deux œuvres de Guido Molinari de 1965. Elles pourraient bien aussi se démarquer. Autres vedettes potentiels, Dents de sable à cran d’acier ou Le langage des sources, de Marcel Barbeau, peint en 1947, risque également d’atteindre un prix élevé ; Baie d’esprit, de Pierre Gauvreau, une œuvre de 1944 estimé entre 60 000 – 70 000$, ce qui m’apparaît dans les deux cas des estimations conservatrices.
Les perles ne manquent pas, parmi elles, le William Ronald, Pyramid, une huile sur toile estimée entre 115 000 – 130 000$ ; Jean McEwen, trois petites huiles de 12 x 12 pouces, estimée entre 12 et 15 000$ chacune, de véritables bijoux qui s’envoleront fort probablement à un prix bien plus élevé. Pareil pour le Marcelle Ferron, Sans titre, huile sur toile de 8 x 10 pouces, estimée également entre 12 et 15 000$, pariez qu’elle sera adjugée à un prix certainement plus haut. Puis, des oeuvres aussi de grands intérêts qui pourraient surprendre, les Fortin, Riopelle (collage et sculptures) Hurtubise et combien d’autres… Définitivement une grande vente par la qualité et la quantité d’œuvres que l’on peut classer dans une classe à part. On en reparle avec les résultats au début de juin.
Notez qu’en général, les estimations de prix sont très conservatrices.
Téléchargez le cataloque de la vente ici :
https://bydealers.com/wp-content/uploads/2018/04/BYD_31MAI2018_Final-1.pdf