Une histoire clownesque
Robert Bernier
Le 19 juin dernier, le ministre des Anciens Combattants d’alors annonçait sans gêne à l’équipe désignée comme gagnante du concours pour le choix du monument (de l’œuvre) commémoratif de la mission du Canada en Afghanistan qu’elle n’avait finalement rien gagné du tout.
Le jury composé de professionnels avait pourtant choisi l’équipe composée de l’artiste Luca Fortin, de Québec, de la firme d’architecte Daoust Lestage Lizotte Stecker, de Montréal, ainsi que de Louise Arbour, ex-haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme parmi cinq équipes. Malgré cela Anciens combattants Canada a décidé, unilatéralement et sans respecter les règles pourtant établies de choisir un autre monument conçu par une autre équipe, celle-ci composée de l’ancien combattant d’origine autochtone de la Nation siksika de l’Alberta Adrian Stimson, du Groupe d’architectes paysagistes MBTW, de Toronto et de Projets LeuWebb, coordonnateur en art public, de Toronto également.
Comment interpréter la décision du gouvernement de Justin Trudeau de rejeter ses propres règles ?
Quel message cela envoi-t-il de la part des élus ? Est-ce que cette attitude méprisante n’est réservée qu’à l’art ? Ou, cette façon de faire est plus courante qu’on ne le croit dans tous les secteurs sauf qu’ici comme il s’agit que de l’art, ils le font sans même se cacher derrière des portes closes. De toute manière l’art le peuple ne s’en soucie peu. C’est l’apparat, une vitrine, électoralement parlant ça ne rapporte rien. Parlez-en à Régis Labeaume il vous le confirmera. Si le gouvernement Trudeau tombe lors des prochaines élections, cette bavure n’aura aucune incidence ou si peu. Mais que fait-on de l’éthique ? du respect ? Du savoir-vivre ? Aux poubelles ! Car ça ne compte pas pour gagner ou pour perdre l’électorat. Pour la plupart de nos élus, c’est du vide. Voilà comment il faut interpréter ce genre de situation méprisante. C’est, en somme, la manifestation de leur médiocrité morale. Si ça ne rapporte pas, ça ne compte pas. C’est le message.
LE CAS DROUILLARD (ICI POUR LE LIEN) UN « AUTRE CAFOUILLAGE ARTISTIQUE » CELUI-CI DE L’ADMINISTRATION LABEAUME QUI COMPTE AUSSI À SON CRÉDIT LA DESTRUCTION (EN 2015) PAR UN BULLDOZER S’IL VOUS PLAIT DE L’ŒUVRE DIALOGUE AVEC L’HISTOIRE DE L’ARTISTE FRANÇAIS JEAN-PIERRE RAYNAUD.
À Québec, il y a eu aussi l’histoire [la saga] de la sculpture de Jean-Robert Drouillard (2009-2010) destinée au parc Louis-Latulippe… On organise à l’époque un concours pour doter le parc d’une œuvre d’art public. On forme un jury, lequel choisit l’œuvre de Drouillard. Le comité exécutif de la Ville refuse ce choix. Pas beau, pas adapté, etc. On organise donc un second concours avec un autre jury qui choisit [encore] l’œuvre de… Jean-Robert Drouillard. La suite est presque surréaliste. Le comité exécutif demande de voir les maquettes de toutes les œuvres finalistes. Puis, il [le comité] choisit plutôt celle qui est arrivée en deuxième! L’artiste a vent de l’affaire et, en février 2010, les médias en font [largement] écho… Quelques jours plus tard, la mairie recule et reconnaît son erreur [sic] et offre d’acheter les trois œuvres finalistes pour se faire pardonner. Les artistes voient plutôt dans cette décision une manière contournée d’obtenir gain de cause sans en avoir l’air… Ils refusent ce compromis piqué des vers. La polémique reprend de plus belle. Le tout dura plusieurs mois…
Les clowns ne sont pas ceux que l’on pense ! Et ceux-là sont cyniques.
Robert Bernier