Un manque de vision qui commence à faire… Mal
On apprenait dans les médias à la fin de la semaine dernière que le gouvernement du Québec, celui de Philippe Couillard, avec sa ministre de la culture, Hélène David, mettait en vente l’un des édifices les plus significatifs (de style Beaux-arts) du début du XXe siècle (construit en 1914), dessiné par Eugène Payette à la demande des sulpiciens…
L’immeuble est acquis par le gouvernement du Québec en 1941 et change de nom en 1968, pour la Bibliothèque nationale du Québec. L’édifice est classé monument historique le 15 juillet 1988. Les péripéties autour de sa vente ne sont toutefois pas nouvelles.
Suite au déménagement de ses collections à la Grande bibliothèque en 2004. L’édifice est vendu à l’Université du Québec à Montréal (pour 2 millions et demi) qui le met en vente à son tour en 2007. La vive opposition à ce projet a pour conséquence que le Gouvernement du Québec le rachète pour près du double qu’il l’avait vendu quelques mois plus tôt (4 millions et demi). Comme quoi nous ne sommes pas à une aberration près dans ce dossier. En 2010, la ministre d’alors, Christine Saint-Pierre, annonce que l’endroit deviendra un carrefour de musiques nouvelles avec salle de concert de 400 places et qu’il hébergera l’organisme Le Vivier (qui regroupe près d’une trentaine d’organismes). Ils doivent aménager en 2013, puis en 2015, puis finalement jamais. L’État s’étant mis à compter, s’étonne de l’ampleur des coûts et sort le bac à glace. Le projet est finalement abandonné.
Pas de vision et un empressement à nous le démontrer
Ce gouvernement de comptables sans culture et sans créativité frappe partout. À peine installé qu’il faisait grand cas de l’état catastrophique de nos finances. La situation est telle, qu’il lui faut immédiatement redresser la situation. Qu’importe la manière. Leur plan pour une tâche aussi gigantesque? Couper! Couper! Et recouper! Ils l’ont élaboré sur un coin de table [celle de l’étal d’un boucher) en quelques mois, voire semaines. On coupe de tous les côtés, dans l’urgence et sans vision d’ensemble. On conçoit de la même manière un plan Nord dans lequel, la deuxième et la troisième transformation sont exclus. (LES véritables leviers de richesse). On construira des routes et des ports pour que les multinationales viennent chercher nos matières premières puis qu’elles les ramènent chez elles pour les transformer… Pour ensuite nous les revendre. Pendant ce temps, on coupe! On vend! Le manque de vision est tel, que bientôt il ne faudrait pas s’étonner de voir ce même gouvernement louer le Salon Bleu de l’Assemblée Nationale pour des partys de Noël…
En attendant, en dépensera des dizaines et des dizaines de millions pour mettre sur pied une politique de consigne des bouteilles de vin, pendant qu’on dégustera le « burger » du jour dans un haut lieu de notre patrimoine architectural et que nos enfants iront à l’école à pied, parce que l’on n’a plus (semble-t-il) les moyens de sauvegarder le système de transport scolaire… et le reste, alouette. Une alouette en colère!
Robert Bernier
La Bibliothèque Saint-Sulpice est située au cœur du Quartier Latin, à Montréal, au 1700 rue Saint-Denis.