Il s’éteint le jour de son 73e anniversaire
Le galeriste Gilles Brown est décédé le 6 février, le jour de son soixante-treizième anniversaire de naissance. Il avait fondé la Galerie Clarence-Gagnon en 1975 d’abord à Baie-Saint-Paul, où il fût le premier à s’installer. Vous connaissez la suite, le nombre de galeries aujourd’hui se compte par dizaines. L’année suivante, en 1976, il ouvre rue Bernard, à Outremont, presque en face du cinéma. La Galerie Clarence-Gagnon occupera cet espace jusqu’en 1982 pour ensuite emménager au 1108, rue Laurier Ouest, où elle est toujours.
À la fin des années 1970, le Québec, et particulièrement Montréal, vit un véritable engouement pour les arts visuels. Il était courant de voir de longues files d’attente aux portes des galeries les soirs de vernissage et même avant! Certains amateurs allaient jusqu’à arriver la veille de l’exposition pour être certain de ne pas manquer le tableau qu’ils convoitaient. Fort de cette effervescence, Gilles Brown avait aussi ouvert, au 190, Grande-Allée Ouest, à Québec une Galerie Clarence-Gagnon. Jolie maison, toute blanche à l’époque, située juste à l’angle de la rue Bourlamaque à deux coins de rue du Musée « des Plaines d’Abraham ». C’est là que je l’ai connu. J’étais dans la très jeune vingtaine et je voulais ouvrir une galerie d’art… Imaginez. Lui voulait concentrer ses efforts sur ses galeries du départ, celle d’Outremont et celle de Baie-Saint-Paul, son premier bébé. Il était donc à la recherche de quelqu’un qui, idéalement, allait continuer à opérer une galerie d’art. Il m’a fait confiance malgré mon âge et mon inexpérience. L’aventure a commencé. Puis vint rapidement la « grave » crise économique de 1983 avec des taux d’intérêt de 20%… et le marché de l’art ne fût jamais plus comme avant. Ses galeries ont continué, la mienne pas. Quelques années plus tard, nos chemins se sont de nouveau recroisés quand j’ai commencé Parcours en 1990 et depuis le début il m’a toujours soutenu. Merci Gilles.
Une des grandes qualités de Gilles Brown était sa fidélité envers ses artistes. D’ailleurs plusieurs de ceux actuellement chez Clarence Gagnon, le sont depuis de (très) nombreuses années. Les dernières années le marché pour les artistes « vivants » est devenu beaucoup plus compliqué. Moins attrayant pour toutes sortes de raisons, il aurait pu ne se concentrer que sur les maîtres anciens et modernes, un marché qui n’a pas connu de baisse notable, au contraire, et les affaires auraient été bien plus florissantes. Eh bien non. Il cherchait toujours des solutions et continuait d’appuyer SES artistes. Merci Gilles pour cette loyauté.
Un texte plus important et complet suivra dans l’édition papier et numérique du numéro 88 qui paraitra en mars prochain. En attendant voici un texte paru l’an dernier pour souligner le 40e anniversaire de la galerie dirigée depuis le début avec la grande assistance de Lisette Brown, sa compagne de tous les instants à qui nous transmettions nos condoléances ainsi qu’à Vanessa et Frédéric, ses enfants.