Si les vols de tableaux ne sont pas légion au pays, il y en a tout de même plusieurs chaque année – et certains d’importance. C’est le cas de celui survenu dimanche le 11 juillet à la Canadian Fine Arts Gallery, situé au 577, Mount-Pleasant Road, près du cimetière du même nom dans le quartier Davisville, à Toronto. Le propriétaire, Michel Bigué (qui possède également une galerie à Saint-Sauveur et une autre boulevard Saint-Laurent à Montréal), pense que les voleurs savaient très bien ce qu’ils faisaient.
Les voleurs ont fracassé l’arrière de la galerie et semblaient très bien savoir où ils allaient et ce qu’ils voulaient, ayant visé une partie précise de la galerie. Il y a peu de chance pour que des œuvres de cette valeur se retrouvent immédiatement sur le marché. Ce genre de méfait tient davantage de la commande que de l’improvisation. Onze œuvres ont été volées : Jeune fille triste de Jean-Paul Lemieux, un tableau tardif de l’artiste; une gouache de Fernand Leduc; une gouache de Pierre Gauvreau de 1946; plusieurs du Groupe des Sept (voir la liste complète ainsi que les images sur notre site iparcours.com). Une valeur de 400 000 $.
L’Équipe en œuvre d’art SQ/GRC, du Service des enquêtes sur l’intégrité financières de la Sûreté du Québec, vient de résoudre une série de fraudes commises auprès de différentes galeries d’art, avec la collaboration du Service de police de la Ville de Montréal. L’enquête démontre que les deux suspects dans cette affaire utilisaient des cartes de crédit obtenues sous de fausses identités afin d’acheter des œuvres d’art. Ils réussissaient à convaincre les marchands de conclure des ententes de paiement échelonnées. Ils payaient le premier versement par carte de crédit, emportaient les œuvres, et n’acquittaient pas les autres versements. Entre juillet et novembre 2010, les suspects ont approché sept galeries de Baie-Saint-Paul, Québec et Montréal, et, dans cinq d’entre elles, ils ont réussi à obtenir 34 œuvres, d’une valeur totale de près de 245 000 $. Le 25 février dernier, des policiers du SPVM ont arrêté trois personnes pour vol à l’étalage dans un centre commercial de Montréal.
Après des nombreuses vérifications, ils ont informé les enquêteurs de la Sûreté du Québec que deux d’entre elles seraient en lien avec l’enquête en matière d’œuvres d’art. Ensuite, au cours d’une perquisition du SVPM à laquelle les enquêteurs de l’Équipe en œuvre d’art SQ/GRC ont participé, on a retrouvé une sculpture en bronze de l’artiste Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté, d’une valeur d’environ 20 000 $.Les suspects se sont présentés sous le nom d’Aissam et Margareth Freidji. Ils utiliseraient plusieurs fausses identités et seraient également recherchés aux États-Unis pour des crimes semblables.
Mzabab Bennani, 34 ans, et Margareth Christopoulos, 45 ans, ont comparu aujourd’hui au palais de justice de Montréal pour répondre à des accusations de fraude et d’utilisation frauduleuse de cartes de crédit. Si vous avez été victime de ces individus, contactez-nous sans délai.
Si vous suivez les activités du milieu des arts visuels au Québec depuis plus d’une vingtaine d’années, vous avez sans doute entendu parler de plusieurs cas de gens sans scrupules qui ont monté des arnaques financières où on a abusé de la bonne foi d’amateurs d’art. Vols, fraudes, faussaires, copistes, recels… L’argent ne fait pas le bonheur, semble-t-il. Et comme le dit la chanson, celui qui a dit ça est un sacré menteur ! Et des menteurs, malheureusement, il y en a… Sans parler d’abondance et sans remettre en cause le milieu des arts visuels lui-même, il faut bien se rendre compte que l’appât du gain facile attire dans l’art comme dans tous les autres aspects de l’économie des gens mal attentionnés qui n’hésitent pas à tourner les coins ronds. Sachez que depuis 2008, la Sureté du Québec, en collaboration avec la Gendarmerie Royale du Canada, garde un œil, ou plutôt six yeux, sur les activités du milieu des arts afin de contrer ceux qui voudraient l’utiliser à mauvais escient… Ces yeux sont ceux des sergents Jean-François Talbot et Alain Dumouchel, de la Sureté du Québec, et ceux de Sylvie Dubuc, de la GRC.
Cela fait cependant plusieurs années que la police est présente sur le terrain. Peut-être connaissez-vous ou avez-vous entendu parler du sergent-détective Alain Lacoursière du Service de police de la ville de Montréal qui a pendant des années tenu à bout de bras ce service à la police de Montréal. En 2003, quelqu’un de haut gradé à la Sureté du Québec s’est dit qu’il était inconcevable (et temps) que son corps de police s’occupe de cet aspect de la criminalité qui, somme toute, allait comme un gant au service des enquêtes sur les crimes économiques de la Sureté. Alain Lacoursière a alors été prêté à la Sureté du Québec pour faire équipe avec le sergent détective Jean-François Talbot. En 2008, avec la création de la nouvelle équipe d’enquête avec la GRC, Alain Lacoursière est retourné au SPVM. Depuis peu, ce dernier a pris sa retraite de la police de Montréal et a créé sa propre entreprise dans le milieu des arts. Il a été remplacé par le sergent-détective Alain Dumouchel de la SQ et la gendarme Sylvie Dubuc de la GRC.
Des crimes à large spectre
Ce qui nous vient immédiatement à l’esprit, c’est le faussaire génial qui réussit toujours à tromper la vigilance des experts… La réalité est moins sexy mais elle est néanmoins bien réelle. D’abord, il n’y a pas des tonnes de faux tableaux, mais il y en a. Généralement et dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’œuvres de piètre qualité. Mais il arrive qu’elles soient réussies. En cas de doute, Art alerte demeure une solution ainsi que les experts du milieu. Des galeristes établis depuis quelques décennies sont toujours des repères fiables et s’ils ne peuvent vous aider, ils vous diront où aller.
Il n’y a pas que les faux tableaux qui intéressent le service des enquêtes sur les crimes économiques. Il y a les copies, le blanchiment d’argent, le vol et le recel. Sur ce point, oui il y a plusieurs vols d’œuvres d’art mais la revente n’est pas évidente. N’empêche qu’une certaine quantité de tableaux volés reviennent sur le marché. Un conseil : posez des questions sur la provenance et surtout, méfiez-vous des aubaines… Des aubaines en art, c’est très, très rare. Si une peinture évaluée par exemple à 25 000 $ vous est offerte pour moins de 10 000 $, posez-vous de sérieuses questions ! Retenez bien ceci : à tout hasard, dans tous les cas, recel, vente frauduleuse, faux et copie, l’appât du gain est votre pire ennemi et il va toujours affecter votre jugement.
Nous allons certainement y revenir bientôt. Soyez vigilant et si vous avez des doutes, n’hésitez pas à contacter Art Alerte dont les coordonnées sont indiquées en marge du présent article.
Par Robert Bernier